Pratique du shiatsu en cure thermal


 
 C’est en mai 2016 que la société Val Vital implantée avec le Centre de Rééducation et de Réadaptation D’Alsace du Nord m’a contacté pour donner des séances de shiatsu aux curistes. Spécialiser dans la cure rhumatologique, elle dispense des programmes rhumatologiques, fibromyalgies, arthrose des mains et depuis peu des programmes post cancer du sein. 
  Le shiatsu était déjà présent mais il ne s’agissait que de séances sur chaise dont on perçoit les limites malgré les bénéfices. Attentive au développement de ces nouvelles approches dans l’accompagnement des curistes, la direction en partenariat a souhaité donner un souffle nouveau et renforcer leur action. Je leurs ai proposés de ne pas reconduire les séances sur chaise mais de faire un vrai travail d’accompagnement par des séances de 30 minutes au sol sur futon. Depuis, plus de cinq cent séances de shiatsu ont été prodigués. Ceux sont essentiellement des femmes qui sont venues à ma rencontre (80%). Est-ce représentatif de la population des curistes ? Pas tout à fait, les femmes représentant les 2/3 des personnes et elles apparaissent être plus demandeuses. Les receveurs de plus de 60 ans sont les plus représentés (60%) puis ceux entre 50 et 60 ans (30%). Les receveurs de moins de 60 ans étant plus rare. Comme il s’agit de cure rhumatologique, on retrouve chez les receveurs, les pathologies classiques comme les lombalgies, cervicalgies et autres maux mais aussi un environnement propre aux patients fibromyalgiques.
    Les séances de shiatsu se passent dans un environnement différent de celui que l’on peut connaître dans son propre cabinet. D’autres repères à se créer et une autre ambiance à accueillir. Des séances de 30mn qui imposent une approche différente de celle qu’on a en cabinet. Peu de temps pour cerner le receveur et son attente et moins de temps accordé à la pratique. Est-ce véritablement un problème ? Je ne crois pas mais il impose au praticien de clarifier sa pratique au maximum. Que veux mon receveur, qu’est ce que je veux faire et qu’est-ce que je fais pour y arriver, tels sont les mots à se répéter à chaque fois.
 Peu de curistes avaient une véritable expérience du shiatsu. Certains avaient eu l’occasion d’essayer sur chaise et en avaient trouvé un bénéfice. Si la demande récurrente était de découvrir le shiatsu et de se sentir mieux, les demandes plus précises quant aux maux qu’ils avaient sont devenues systématiques.
La séance en pratique. Comme en cabinet, il est impossible de ne pas prendre le temps d’écouter son receveur. En effet, le curiste ressent le besoin de parler et de se livrer. La cure est un lieu où la personne est prise en charges de manières trop bien organisées et où il est cocooné, ce qui va contraster avec le besoin important de parler de sa maladie. Cela est d’autant plus vrai chez le curiste fibromyalgique qui dans son quotidien a du mal à faire comprendre cette maladie trop souvent associée à des personnes fragiles voir carrément « psy » et cela même par certains représentant du corps médical. Ces hommes et ces femmes trouvent dans la cure un lieu où ils peuvent s’exprimer sans jugement de valeurs.
Il n ‘y a pas à la cure d’activité en contradiction avec la pratique du shiatsu. Seulement peut-on conseiller au receveur de s’organiser s’il le peut et d’éviter d’enchaîner les activités trop yang après la séance. Je n’ai pas rencontré de problème à ce sujet bien au contraire. Les receveurs souvent inactifs toute l’année sont très sollicités physiquement pendant la cure et ils ont besoin d’être réalignés 
Sans rentrer dans le détail de chaque séance chez des receveurs tous différents, J’ai dégagé un axe de travail. Il est primordial que chaque personne ressente un sentiment de mieux être. Cela est d’autant plus important que les activités de la cure sont exigeantes. Il faut autant que possible répondre à la demande de chacun. En cela l’exercice est passionnant et nécessite de dépoussiérer sa technique. Ne pas utiliser mille et une techniques mais aller à l’essentiel en ralentissant le geste pour écouter et accéder à la profondeur. Enfin, il m’est apparu rapidement que la majorité des receveurs rencontre des problèmes de mobilité. Travailler les amplitudes permet   aux receveurs de répondre dans une grande partie des cas à leurs problèmes mais aussi de leurs permettre de continuer la cure plus facilement. Il est vrai que de temps en temps, je ressens un sentiment d’incomplétude et ce besoin de continuer. Cette pratique en centre de cure est un exercice formateur au quotidien qui demande à tous les moments, plus d’écoute et plus de précisions chez des receveurs surprenants. Souvent contraint dans leur corps mais aussi étonnamment toniques

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